Jouant
tantôt sur un côté décalé qu’il affectionne tant (son premier succès, Les limites lui collant tellement à la
peau), tantôt sur le côté dandy underground, Julien Doré bien qu’issu d’un télé crochet, s’est fait depuis le début
de sa carrière, une place à part dans l’univers musical Français.
Après Ersatz en 2008 et Bichon en 2011, son troisième album confirme ce statut.
Intitulé LØVE (lion en danois) avec une
lettre barrée «comme une boussole, mais
aussi comme une cicatrice sur le mot amour
», ce nouveau disque parle évidemment d’amour mais essentiellement de ses
difficultés et des amours déçues, des
séparations et des manques qu’elles entraînent.
La
cicatrice revêt une double signification : elle est le stigmate de la plaie
(la rupture) mais représente aussi une voie vers la guérison.
Et, si le lion évoque évidemment la chevelure du chanteur, la prononciation louve du mot danois est utilisée dans de nombreux textes (la louve ou le loup). Notre chrooner a toujours soigné la sonorité de ses chansons, c'est particulièrement le cas dans ce disque.
Et, si le lion évoque évidemment la chevelure du chanteur, la prononciation louve du mot danois est utilisée dans de nombreux textes (la louve ou le loup). Notre chrooner a toujours soigné la sonorité de ses chansons, c'est particulièrement le cas dans ce disque.
Le premier single Paris Seychelles avait donné le ton, tant au niveau du contenu que du contenant : un son plus groove et une mélancolie ambiante.
Une
chanson sur les illusions de l'amour porté par un texte explicite ("On
s'était dit des choses que l'on ne tiendra pas").
Auteur pour la première fois de la totalité
des textes (mise à part une chanson d’Arman Melies, qui lui avait déjà écrit Laisse Avril en 2011)? le chanteur s’est totalement mis à nu (« l’album est un carnet d’exploration de mes zones intimes », a dit Doré
avec l’humour qu’on lui connait), et démontre
en plus de ceux qu’on lui connaissait déjà, un véritable talent d’écriture.
Une façon
de se montrer plus impudique et d’assumer son écriture en français.
Julien se
raconte comme jamais evoquant l’amour perdu dans Viborg ou encore de l’attente du retour dans On attendra l'hiver : Deux chansons très poignantes et mélancoliques.
Et, ce n’est pas par hasard qu’il
évoque l’ Hotel Thérèse dans le
quartier de l’Opéra à Paris, puisqu’il y a séjourné. « Mon cœur te croyait
morte, toi qui lui a donné la vie » : un texte autobiographique par
excellence, évoquant un « spleen de beuh » qu’on n’a nul mal à
imaginer.
Côté
musique, le disque oscille entre mélodies
souvent joyeuses voire dansantes et chansons
aux orchestrations riches quasi expérimentales, un peu à la manière d’un
Christophe (auquel on l’a souvent comparé).
Cette
ambiance (déjà présente dans Pudding Morphina
sur Ersatz) se retrouve sur Viborg, Porc grillé et surtout sur Corbeau
Blanc : un texte triste évoquant l’idée de solitude parfaitement mis
en valeur par ce type d’orchestration (pour l’anecdote, c’est Christophe qui
lui a inspiré ce titre).
Souvent composées par ses musiciens de scène, avec notamment
Arman Melies , le collectif OMOH (composé de Baptiste Homo et
Clément Agapitos) ou encore Darko, la création sur ce disque ressemble au travail d'un groupe de rock (Julien s’était d’ailleurs produit en 2010 sous le nom Julien Doré and
the Bash)
Les 14
chansons forment un ensemble très cohérent avec des textes plus sombres et
mélancoliques qu’à l’accoutumé : un album mélancolique et sensuel très réussi.
Dans le détail, outre ceux déjà évoqués, c’est le côté dansant qui
l’emporte sur beaucoup de titres.
Habemus Papaye, par exemple, ne pourra pas vous laisser indifférent : un rythme redoutablement
groove et des vocaux chauds et intenses (assurés par les Brigitte) font de ce
titre, parlant de ce qui reste à la fin d’un amour
(« something you left is on my lips ») un des
points culminants du disque. Quant au titre, c’est encore un jeu de mots dont
seul Doré a le secret.
C’est un morceau très différent de ce à quoi l’artiste nous avait habitués jusque-là :
Au milieu de la mélancolie du disque, c’est une chanson très positive comme
pour dire que du chagrin d’amour qu’il a vécu, il ne subsiste que les bons
côtés, les beaux souvenirs.
C’est d’ailleurs là aussi, la grande réussite du disque : le
groove, musique plutôt légère, contraste avec le côté sombre de la rupture
amoureuse.
Fidèle à l'autodérision qu’on lui connait, l’artiste, en
grand fan de foot offre une ode sensuelo-mystique à Michel Platini :
grandiloquent et suave en même temps.
Mettre un texte aussi surréaliste sur un beat presque r’n’b frise le génie : le tout se termine avec une chorale d’enfant pour un We are the world décalé et déjanté.
Mettre un texte aussi surréaliste sur un beat presque r’n’b frise le génie : le tout se termine avec une chorale d’enfant pour un We are the world décalé et déjanté.
Le groove se prolonge avec London nous aime qui évoque les escapades amoureuses de notre héros outre-manche.
Si vous tendez bien l’oreille vous entendrez le mot louve qui fait écho à la
prononciation danoise du titre de l’album. A nouveau, Doré joue sur les mots et
les sonorités.
Quant au Chou Wasabi , son
piano latin et son refrain "Baby I love you less and less because of what
you've done to me" seriné par la délicieuse Micky
Green, il
finira de vous séduire. La charmante australienne insuffle une touche très pop au morceau.
Enfin, pour les fans du son si caractéristique
du ukulélé, on le retrouve avec plaisir sur Heaven,
un des quelques textes en anglais : Une jolie balade mélancolique qui trouve
parfaitement sa place dans l’album.
Terminons par Balto (titre en anglais aussi), qui évoque une maison du sud de
la France où le chanteur a vécu des moments romantiques : on peut sans
doute évoquer la métaphore sous-jacente, le chien évoquant la fidélité par excellence.
Et comme l'histoire qu'il raconte ici ressemble parfois à un jeu de piste , saurez vous retrouver le chasse spleen (grand cru bourgeois exceptionnel du Médoc) cité dans plusieurs chansons ?
Garder le meilleur d'un amour terminé ? avec Julien Doré, chassez le spleen, il reviendra en groovant (je vous le dis)
Bien écrit. J'ai envie d'aller écouter ça du coup
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