Quel bonheur de retrouver enfin la voix de Camelia Jordana,
ce timbre si particulier et reconnaissable instantanément. Elle se met à nu aujourd’hui avec Dans la
peau, un nouvel album dont elle signe la majorité des titres et qui
pourrait bien en surprendre plus d’un.
Quatre ans après un premier album remarqué, Babx (auteur
compositeur de grand talent, très prisé par la Critique), est à nouveau aux
manettes et a ciselé un son unique autour des compositions de la chanteuse et
des 4 morceaux qu’il lui offre.
Un peu à la manière d’un Biolay, il est même allé chercher
d’autres auteurs pour étoffer un ensemble
hors du temps, inclassable (et si loin des productions françaises
habituelles) conférant ainsi à Camélia une place à part dans la nouvelle
scène française, l’artiste tissant irrésistiblement son rôle de
grande Dame de la Chanson, à l’instar d’une Barbara.
Dès le premier titre, Comment
lui dire, l’auditeur est installé confortablement dans un univers feutré et chaleureux dont il
n’a plus envie de s’extraire : un
tempo lent, une orchestration sobre, riche et épurée à la fois. Servie par un
magnifique texte de Mathieu Boogaerts, notre petit papillon (révélée par
Nouvelle Star, tout le monde s’en souvient) se révèle chrysalide de 22 ans,
amoureuse cherchant à exprimer « maladroitement » son émoi.
Vient ensuite le
premier single au titre explicite
Dans la peau, avec ses accents de pop anglaise (composé par le musicien de
jazz anglais Blair MacKichan qui a
travaillé notamment avec Lily Allen) , on y découvre une Camelia Jordana
mue en femme fatale, sexy et épanouie dans un clip haut en couleurs.
L’enfant est alors bien loin quand elle nous proclame troubler son amoureux d’un « battement
de cils ». Un titre redoutablement jouissif.
Le message est clair : La femme a
définitivement pris le pas sur la jeune femme. L’amour et ses déclinaisons sont choisis comme
colonne vertébrale du disque et Babx, en imprimant sa patte stylée à l’écriture de sa protégée, a su
merveilleusement tirer le meilleur des compositions.
Le thème est
ainsi décliné sur toute sa gamme : de la jalousie dans A l’aveuglette (je tirerai dans la foule de
tes amours passées) jusqu’à la
rupture dans Berlin et son Check point Charlie.
Enfin, Le songwriter y apporte lui même
contribution en offrant un titre délicieusement suranné, dépeignant un amour courtois et élégant : Le « Attendrons-nous l’hiver pour nous aimer
jeune homme ? » que déclame Camélia est un ravissement exquis pour nos oreilles
déjà sous le charme.
Puis tour à tour sombre et grave dans IIlégale, qui n’est pas sans rappeler Nougaro,
ou plus dansante dans Sarah sait, l’artiste
brouille les pistes pour offrir un univers bien à elle et sans pareil : un
mélange savoureux et détonant d’electro pop et de sonorités 70’s encore inédit en France.
Et, même les titres plus légers comme Madi ou J’aime l’orage, se révèlent plus profonds si on prend le temps de
s’intéresser au texte.
Enfin, définitivement convaincu par la maturité et
la profondeur de son écriture, comment ne pas être chaviré par deux autres des
perles de ce petit bijou musical ? Le
blues mélancolique de Ma gueule et le
jazz doux et nostalgique de Miramar.
Alors que le premier, très intemporel, porté par
un lancinant orgue Hammond, parle avec une déchirante mélancolie de ce
sentiment étrange de se sentir étranger dans son propre pays (elle est petite
fille d’immigrés algériens), le second évoque la plage de son enfance (elle est
varoise) et ses premiers flirts.
On savait que les fées s’était beaucoup penchés sur
le berceau de Camélia, à en écouter Miramar
on pourrait croire que l’aura de Salvador est aussi passé par là ….
(retrouvez ici Camelia Jordana reprenant
Don't let me be misunderstood dans les studios d'Europe 1)
Camélia Jordana chante Don't Let Me Be... par Europe1fr
Richesse des compositions, profondeur des textes
et arrangements soyeux : Cet album est un pur joyau, un véritable bijou,
un tissu précieux cousu de fils d’or : Le diamant brut que nous avions tous découvert devant notre
écran, vient de laisser exploser des éclats inattendus et inédits.
Dans la peau est
le disque d’un adieu à la fille qu’elle était, mais finira d’installer la femme
qu’elle est devenue au firmament de la
Chanson Française.
Ne passez pas à côté …Vous ne pourrez plus dire
que vous ne saviez pas ….